La question de la Constitution dans nos États africains, et plus spécifiquement en République Démocratique du Congo, est souvent abordée sous l’angle de la souveraineté nationale. Pourtant, elle révèle bien plus que des enjeux juridiques : elle expose les contradictions profondes de nos élites politiques.
La « Constitution des étrangers » : un faux débat ?
Dans le discours public congolais, on entend parfois certains leaders politiques qualifier la Constitution en vigueur de « constitution des étrangers ». Mais une telle déclaration mérite un examen critique. D’un côté, ces mêmes leaders n’ont aucun problème à se soigner dans des hôpitaux à l’étranger, à envoyer leurs enfants dans les écoles occidentales ou encore à négocier des emprunts colossaux auprès des institutions internationales. L’hypocrisie est flagrante : ce qui est étranger est acceptable lorsqu’il sert leurs intérêts personnels, mais devient subitement problématique lorsqu’il s’agit de normes ou d’expertise venues de l’extérieur pour bâtir des institutions solides.
Cette attitude pose une question fondamentale : quel est le véritable problème ? Est-ce l’origine des idées ou la crainte de perdre un monopole sur le pouvoir ? La réalité est peut-être que certains voient dans une Constitution bien conçue, fondée sur des principes universels, une menace à leur pouvoir arbitraire.
L’intelligence n’a pas de nationalité
Un argument clé dans ce débat est souvent oublié : l’intelligence n’a ni nationalité, ni tribu, ni genre, ni race. Chaque pays qui aspire à se doter d’une Constitution solide fait appel à des experts – qu’ils soient nationaux ou étrangers – dont le rôle est de fournir une expertise scientifique et juridique. La Constitution n’est pas une œuvre de propagande politique ; c’est un outil qui structure l’État, garantit les droits des citoyens et encadre l’exercice du pouvoir.
Prenons l’exemple de Charles Konana, un étranger qui a consacré une part importante de sa vie à défendre les intérêts du Congo. Ce monsieur, bien que non Congolais, a mené des recherches approfondies et s’est engagé, parfois au péril de sa sécurité, pour la cause congolaise. Il illustre une vérité fondamentale : ce qui compte dans l’élaboration d’une politique ou d’une Constitution, ce n’est pas l’origine de l’intelligence mobilisée, mais la qualité et l’objectivité de l’apport.
Alors, posons la question suivante : si nous devions choisir entre l’expertise d’un étranger dévoué comme Onana et celle d’un secrétaire général d’un parti politique, dont l’objectif principal est de manipuler la Constitution pour prolonger son pouvoir, que devrions-nous privilégier ? La réponse est évidente.
Le vrai problème : l’absence de patriotisme authentique
Le problème n’est pas dans l’origine de la Constitution ou de l’intelligence mobilisée pour sa rédaction, mais dans l’absence de patriotisme véritable parmi certaines élites. Lorsqu’un leader politique ne voit dans la Constitution qu’un obstacle à ses ambitions personnelles, il devient facile de la discréditer comme « étrangère ». Cette attitude met en lumière une crise plus profonde : celle d’un manque de vision et de sens du devoir envers la nation.
Il est temps que nous comprenions que la véritable souveraineté ne consiste pas à rejeter tout ce qui vient de l’extérieur, mais à utiliser les meilleures ressources disponibles – qu’elles soient nationales ou étrangères – pour bâtir un État solide et prospère.
Aimons le Congo par des actes, pas par des discours
Les discours populistes sur la souveraineté et l’identité nationale doivent cesser d’être utilisés pour justifier l’incompétence et le manque de vision. Aimer le Congo, c’est investir dans l’éducation, la santé, et les institutions, peu importe l’origine des idées ou des personnes qui contribuent à ces avancées. L’intelligence n’a pas de frontières. Ce qui compte, c’est l’impact positif sur notre pays et sur les générations futures.
À méditer.
Cyrille LUDUNGE BAGENDA BANGA