Le passage de Dido Yogo dans l’orchestre Zaiko Langa Langa fut très prolifique pour cet orchestre qui a connu des hauts et des bas avec des départs massifs des ténors laissant, souvent, Yossart Nyoka Longo seul. Yogo fut, alors, un allié de taille pour son ancien camarade dans ces moments des galères.
C’est pourquoi, « Ya N’yosh », le chef d’orchestre et co-fondateur de cet ensemble musical restera très reconnaissant à ce grand auteur-compositeur même après sa mort. C’est ainsi qu’il prendra, plus tard, son fils ainé, Lola Mwana dans son orchestre, lui qui a la même timbre vocale que son défunt géniteur.
La chanson vous proposée par la rédaction de sphynxrdc.com est une illustration du savoir faire de Dido Yogo dont la plupart des chansons se sont révélées comme des tubes à succès. « Ize Bola » est l’histoire d’un couple menacé de dislocation parce que l’homme, Ize Bola , doit rompre sa relation amoureuse avec sa dulcinée pour prendre une femme de sa tribu comme lui recommandée par son entourage : » libala ya monoko ya mboka« .
La femme rappelle, alors, à son amant de ne pas se fier à cette vieille pratique en la fuyant : » ezalaka pasi mingi , motema opesa ba pekisa, bikila eh, aye ngo, bikila ezalaka na tango ya ba mama oyo ba zalaki ko balana na monoko ya mboka. Libala ya lobi na oya lelo ekeseni eh en ngo » pour dire c’est difficile de perdre une personne que l’on aime parce qu’elle doit chercher une partenaire de sa tribu. Ces pratiques du temps de nos parents sont révolues.
Le terme « Ngo » repris dans la chanson exprime souvent un chagrin, une peine, la pitié dans certaines traditions orales du Congo Kinshasa. C’est la femme qui pleure son amour.
La pauvre femme insiste pour faire revenir son amour à la raison en le suppliant de ne pas céder aux commérages:
» sala noki ozonga, Kinshasa eza mboka ba tikaka mwasi te azelaka yo. Lelo to boyana, lobi to lingana okoya ko zanga nga » pour dire reviens vite parce que dans la ville de Kinshasa, on ne laisse pas une femme vous attendre parce qu’il y a toujours des guetteurs qui n’ont rien à foutre avec un homme longtemps absent. Cette manière de nous séparer puis revenir n’est pas du tout bonne. Tu risques de me perdre.
Les Kinois sont réputés comme des guetteurs des femmes seules et même celles qui sont mariées dont l’époux est en déplacement pour une longue période. Des hommes partis en Europe, soit pour les études ou le travail ont trouvé leurs prétendantes avec d’autres hommes, certaines déjà engrossées. L’on se souvient de la chanson « Ida » de l’orchestre TP OK JAZZ. Il y a, ainsi, de termes pour désigner ces hommes guetteurs des femmes : » ba dongolo miso », « ba voisins », » batu ya ba chutes ya sima« , etc.
Briser les barrières traditionnelles
Cette chanson garde encore sa quintessence jusqu’aujourd’hui où dans certaines familles les enfants sont conseillés de se marier avec une personne de leur contrée. Bien que les églises et autres organisations ont, souvent, découragé cette façon de voir les choses, certaines tribus ou ethnies sont stigmatisées au point de diluer toute tentative d’union entre deux âmes sœurs. Ainsi, certains parents conseillent à leurs enfants de ne pas foutre leurs pieds dans une famille Kasaienne dont les membres sont réputés comme des personnes méchantes et colériques; d’autres taxent les Bangala des infidèles et assoiffés de la chair comme les Bayombe du Kongo central; d’autres encore traitent les ba swahili des soulards; les basakata, ba yansi, ba mbunda, ba yaka presque tous les ressortissants de l’ex Bandundu des grands sorciers qui encouragent l’inceste acceptant le phénomène « Kintwidi(une jeune fille peut être pris en mariage par son oncle, son grand-père et une personne notable de sa famille)
Cependant, la vie a démontré que l’amour n’a pas de frontières et la chanson « Ize Bola » est une interpellation.
Bonne journée sabbatique !
Deb’s Bukaka