Chanson racontée : » Diarrhée verbale » de Simaro Masiya

Le poète Lutumba Simaro Masiya avec sa légendaire guitare

Lutumba Simaro Masiya, dit le poète, avait une longueur d’avance sur sa société. C’est ce que l’on peut découvrir en parcourant minutieusement la chanson intitulée « Diarrhée verbale » ou « Maladie ya tuba tuba ». Cet opus fait référence aux médisances proférées à l’endroit d’une personne pour nuire à sa réputation : la possession des biens matériels est synonyme de pratiques occultes, la disparition d’un être cher signifie qu’il a été sacrifié par un sorcier, autant de clichés et stéréotypes que la société nous colle.

Interprétée par des grandes voix de la belle époque de la musique congolaise dont Pépé Kale, Carlito Lassa et Malage,  » Tuba Tuba » raconte le mécontentement d’une dame citadine qui décida de s’installer en bidonville afin d’échapper aux commérages de ses nombreuses rivales dans son milieu naturel qui ne lui permet plus de mener une vie normale :

«  Bambanda ba nyati nga n’a mosapi ya suka mama eh, banyati nga n’a mosapi ya suka, mosapi ya lokolo, nasali eloko te oh oh oh, ba mpangi eh. N’a tikela bango libala mobali n’a lingaka, n’a benda nzoto n’a boya nde makambo. N’a kima Matonge, Limete, n’a koma na Masina, n’a luki ya nga mbokatier mobola lokola nga, n’a sukola ye akoma marque déposée n’a nga » pour dire:

« mes rivales me piétinent au bout du pied là où ça fait mal,alors que je n’ai rien fait. Je préfère leur laisser ce mari qu’elles adorent et leurs Matonge, Limete pour me retirer vers Masina, trouver un pauvre gars comme moi dont je ferrai ma marque déposée ».

Nous sommes alors à la fin des années 80 , le Sida fait rage dans la capitale où toute maladie contractée par une personne qui perd du poids est assimilée au VIH. A la veille des années 90, les politiciens congolais font pression sur Mobutu pour libéraliser l’espace politique. Ils l’auront quelques temps après par l’ouverture de la conférence nationale avec tout ce qui se suivra:

 » Mokili mobongwani mingi tokomi na tango ya Sodome n’a Gomore. Kinshasa ezalaka boye te tango ya Kin-Malebo, tokoma nde ko bomana tozangi solidarité, basi na mibali bakoma kobela Diarrhée verbale, maladie ya tuba tuba » pour dire :

« le monde a beaucoup changé. Nous revenons à l’époque de Sodome et Gomore. Nous nous entretuons et manquons de la solidarité. Des hommes et des femmes sont atteintes de diarrhée verbale, une maladie des commérages. « 

Simaro Masiya et Pépé Kale, deux grands de la musique congolaise moderne

Une chanson toujours d’actualité

34 ans après l’édition de cet opus, 1989-2023, le sujet choisi par ce grand auteur et compositeur reste toujours d’actualité. La rédaction de sphynxrdc.com s’en est bien aperçu.

L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a encore accentué cette Diarrhée verbale. Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour s’en rendre compte. De la politique, en passant par le sport et les faits de société, jusqu’au théâtre populaire dit  » Maboke », l’homme congolais n’a pas été délivré de « Tuba Tuba », seule l’appellation a changé : » Du buzz ».

Si l’ancien président Kabila fils avait un échappé grâce à son charisme, son silence, eh bien, Tshisekedi fils, en a vu de toutes les couleurs. Il lui suffisait de promettre de faire de l’université de Mbandaka, l’une des prestigieuses universités au standard international, pour qu’on lui rappelle sa promesse de faire de la République démocratique du Congo l’Allemagne d’Afrique :

 » type oyo n’a bana mayi n’a ye bazui biso ba vrais kebere penza. Ba doser« , a commenté un internaute pour dire:

 » ce monsieur et sa bande nous prennent pour des idiots. Qu’ils se calment un peu« .

Et un autre de se saisir du dernier buzz sur les propos dits racistes de deux ministres interpellés par le président de la République :

 » vraiment, batu ya Béton, Tuba Tuba eleki trop. Ye ministre wana kutu to yebi ye te nde ako lakisa biso Jean Pierre Bemba? Ba noix ya libenge ebalusi ye mutu. Oyo ki ndoki te » pour dire

 » ces hommes de béton ( référence faite au chef de l’état) parlent beaucoup. Est ce que c’est ce ministre que nous ne connaissons même pas qui va nous dire qui est Jean Pierre Bemba ? Il n’a pas supporté la dose du chanvre de Libenge ou quoi ? Est ce n’est pas de la sorcellerie ça ? ».

Ainsi, Simaro Masiya a su étudier le comportement des uns et des autres dans sa société et en pleine capitale, lui qui ne parlait presque pas avait compris que  » Trop parler peut tuer ».

École ya ba yembi ( l’école des chanteurs)

Revisitons cette belle mélodie qui avait connu la participation des grands de la musique congolaise moderne comme:

Arrangement : Papa Noël

chorale : Carlito, Malage et Pépé Kalle

Guitare Basse :Decca et Nguma Lokito 

Composition : Simaro Masiya 

Congas : Mavungu

Drum et Percussion :Komba

saxons: Epompo Lowayi

Guitare solo: Diblo Dibala et Papa Noël
Percussion: Komba
Rythmique Guitare: Simaro et Makosso

Direction artistique : Lokasa ya Mbongo  

Deb’s Bukaka

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