Budget et Armée : Le cri d’alarme de Jean-Marc Kabund résonne encore(vidéo)

En 2022, lors de la présentation du budget du gouvernement Sama Lukonde à l’Assemblée Nationale , l’honorable Jean-Marc Kabund alors premier Vice-président avait lancé un appel vibrant en interpellant le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement sur l’affectation des ressources de l’État. Il dénonçait un budget déséquilibré, jugé trop « farfelu », où des institutions consommaient des sommes astronomiques pendant que l’armée et la police restaient sous-financées. Son discours, accueilli avec scepticisme à l’époque, prend aujourd’hui tout son sens, alors que le pays traverse une crise sécuritaire majeure, notamment avec la chute de Goma aux mains des rebelles.

Kabund pointait du doigt une réalité accablante : « Aucun membre du gouvernement ni député n’accepterait d’envoyer son fils à l’armée », soulignait-il, parce que l’institution militaire est sous-payée et livrée à elle-même. Il établissait un parallèle avec les États-Unis après l’attaque de Pearl Harbor, rappelant que chaque dignitaire américain avait envoyé son fils à l’armée pour défendre la nation, alors qu’en RDC, l’élite politique se désintéresse du sort des soldats. Pour lui, il était impératif de rééquilibrer le budget en faveur des secteurs prioritaires, notamment la défense, l’éducation et la sécurité.

Dans son plaidoyer, il proposait une réduction drastique des dépenses non essentielles : 30 % de réduction sur les allocations des institutions (qui s’élevaient à 261 milliards 532 millions 945 mille FC), et une diminution de 50 % des frais de fonctionnement qui était alors à 791 milliards 521 millions 821 mille FC. En parallèle, il plaidait pour un doublement des 62 à 130 milliards de FC alloués mensuellement à l’armée et à la police, estimant que le redressement du pays passait avant tout par un soutien massif aux forces de défense.

Deux ans plus tard, alors que la RDC fait face à des menaces existentielles, le président Félix Tshisekedi lui-même rejoint cette vision en appelant à la réduction des charges des institutions pour financer l’effort de la guerre. Un revirement qui soulève une question cruciale : si les avertissements de Kabund avaient été suivis en 2022, le pays aurait-il pu éviter certaines crises actuelles, dont la chute de Goma ? Son message était un cri d’alarme, une sonnette d’alerte ignorée à l’époque mais qui s’impose aujourd’hui avec force.

Ironie du sort, Jean-Marc Kabund est aujourd’hui en prison, mais ses paroles résonnent avec encore plus d’acuité. L’heure est-elle enfin venue d’écouter ceux qui osent dire la vérité, avant qu’il ne soit trop tard ?

NGK

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