Bella-Bellow: voir Kinshasa puis mourir !(illustrations audios et vidéos)

L’éternelle Bella-Bellaw

On ne le dira jamais assez, Kinshasa fut l’une des capitales les plus prisées d’Afrique subsaharienne des années 1960-1970.

Ville de Kinshasa début 1960

« Toute l’Afrique danse sur les rythmes congolais », telles étaient souvent titrées les affiches des chansons congolaises(de deux rives) des années 1960-1970, par les industries musicales Parisiennes . Même maintenant l’Afrique danse encore aux rythmes congolais.
Mais le Congo savait aussi danser  aux rythmes de l’Afrique dans la mesure où  Kinshasa et Brazzaville constituaient un passage obligé pour les artistes africains en quête de reconnaissance. Myriam Makeba, Eboa Lotin, François Louga, Ekambi Briand, Bella-Bellow… enflamaient, à l’époque, les salles de spectacles au Congo.

Considérée comme l’éternelle reine de la chanson togolaise, Bella Bellow disparaissait le 10 décembre 1973, alors qu’elle avait à peine 27 ans. Étoile filante de la musique africaine, elle était parvenue à se faire un nom en quelques années sur la scène internationale. C’est grâce à son compatriote et producteur Togolais Akueson, l’ex mari et producteur de Abeti Masikini qu’elle réalisa son rêve de voir Kinshasa la « Bella », puis mourir.

Quarante-cinq ans plus tard, ses quelques chansons enregistrées durant sa très courte carrière sont devenues des classiques, frappés d’une forme d’intemporalité, qui continuent d’inspirer de nombreux artistes.

Sa voix et son charme avaient particulièrement conquis les mélomanes congolais durant les années 1970 bien avant nos Abeti, Pongo Love, Tshala Mwana, Mbilia Bel, etc.

Une beauté purement femme africaine

L’on pouvait suivre ses clips qui passaient en boucles à la Télévision Nationale durant toute la journée . Il semblerait même que le vieux  » Seskul » serait passé par là et aimait bien revisiter le beau visage de cette togolaise à la beauté purement femme africaine.

Bella Bellow trouva la mort sur une route de son pays natal, en décembre 1973. Elle s’apprêtait à franchir une nouvelle étape dans sa carrière en partant en tournée aux États-Unis avec Manu Dibango.

Le musicien camerounais venait tout juste de changer de statut grâce au succès international de Soul Makossa. Lui que l’on regardait jusqu’alors essentiellement comme l’organiste de Nino Ferrer était devenu en un tube le saxophoniste maître de l’afro funk. Sa collaboration avec la jeune togolaise avait débuté peu après que celle-ci soit arrivée en France, en 1968, aux côtés de son compatriote Gérard Akuesson, ancien chanteur reconverti en producteur. « Je me suis occupée d’elle musicalement », explique Manu Dibango dans le documentaire L’éternelle Bella Bellow« C’était comme ma fille. Ma femme et moi, on l’avait adoptée. »

Une ascension spectaculaire

« Lors de ma précédente tournée africaine, j’ai eu le plaisir d’entendre Bella pour la première fois. Je fus vivement frappé par cette voix pure et chaude », écrit Akuesson au verso de la pochette du premier 45 tours en 1968. « Déjà l’avis des spécialistes est formel. C’est une chanteuse qui grimpera très vite à l’échelon international », peut-on encore y lire. L’ascension s’avère en effet spectaculaire pour cette artiste qui, à 20 ans, est dispensée de l’oral du BEPC pour aller représenter son pays au Festival des arts nègres à Dakar, en 1966. Partie suivre des études de secrétariat à Abidjan, elle se fait remarquer dans les médias ivoiriens, se retrouve à animer un gala de l’Office du tourisme africain à Genève, en Suisse.

L’enregistrement de Zelie et Rockia, ses deux premiers titres, produit des effets immédiats. Elle participe à l’Olympia en 1969 à La Nuit de la fraternité en hommage à Martin Luther King. À la radio et à la télévision française, elle enchaîne les émissions : Pulsations (où Manu Dibango dirige l’orchestre résident), Discorama

Dans cette décennie qui suit les indépendances africaines, les artistes d’Afrique francophone sont encore très rares sur les ondes françaises, et Bella Bellow fait presque figure d’exception, avec la Sud-Africaine Miriam Makeba dont elle revendique l’influence –les journaux de l’époque rapportent que celle qu’on surnomme « Mama Africa » félicita chaleureusement Bella, rencontrée au festival d’Alger en 1969.

Cette même année, elle est sélectionnée (comme Herbert Leonard pour le Luxembourg et Rika Zaraï pour Israël) au quatrième festival de la chanson populaire à Rio, au Brésil. Au Ginásio do Maracanãzinho (« Petit Maracanã »), qui contient plus de 10 000 places, elle chante Bem Bem, paru sur l’un des autres 45 tours venu enrichir sa discographie. Guyane, Yougoslavie, Zaïre, Belgique…

La référence de la musique togolaise et africaine

Les concerts se succèdent et les portes s’ouvrent sous le charme de sa voix. Le temps d’une pause pour se marier et donner naissance à sa fille en 1972 et la voilà de nouveau prête à conquérir le monde, en optant avec Manu Dibango pour une formule différente sur le plan artistique, à l’image de Dasi Ko et ses effets à la guitare électrique, sur son dernier disque commercialisé.

Sa disparition brutale est un électrochoc. « J’ai écrit ma première chanson en 1973, quand Bella a trouvé la mort dans un accident de voiture », raconte Angélique Kidjo dans son autobiographie La Voix est le miroir de l’âme, parue en 2017. Bella Bellow figure sur son premier 33 tours enregistré en une nuit à Cotonou en 1981. Et trente-trois ans plus tard, elle reprendra Blewu pour son album Eve.

L’influence de la chanteuse togolaise, immortalisée sur les billets de 10 000 francs CFA en circulation en Afrique francophone, s’est affranchie aussi bien du temps et des générations que des frontières. Parmi ses compatriotes, elle demeure une référence, que ce soit pour le duo masculin Assou et Sevi qui lui a rendu hommage avec Alon, ou pour Vanessa Worou ou Afia Mala. Mais c’est aussi le cas au Cameroun, où la chanteuse Reniss s’est chargée l’an dernier de revisiter Zelie, tout en cherchant dans son clip à rappeler, de façon troublante, le souvenir de son auteur. Pour continuer à la faire vivre, à travers ses chansons.

Avec mbokamosika.com et rfi.fr


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