Après les surgelés importés : gouvernement et exploitants aériens domestiques en quête d’un compromis

L’objet des négociations est d’assurer une baisse effective des prix de billets à l’intérieur de la République démocratique du Congo. Pour les transporteurs aériens, il est important de discuter sur les préalables avant d’envisager toute révision à la baisse. Beaucoup parmi les voyageurs ne s’expliquent pas le fait que certaines destinations étrangères reviennent moins cher que les vols à l’interne. Les analystes les plus critiques parlent d’une dérèglementation tarifaire sauvage.

Au fil des années, le transport aérien à l’intérieur du vaste territoire national est devenu hors de portée pour le citoyen lambda. La rareté des avions assurant les liaisons domestiques a exercé et continue d’exercer une forte pression sur le coût du billet. Pour ramener la sérénité dans le secteur, le gouvernement entame des discussions avec tous les intervenants. Il y a bien entendu les compagnies d’aviation, dont Congo Airways, CAA, Kin Avia et Mwant jet. Au-delà, d’autres acteurs stratégiques y prennent également une part active, notamment la Fédération des entreprises du Congo, l’Autorité de l’aviation civile et la Régie des voies aériennes.

Le 15 juillet, la partie gouvernementale chapeautée par le ministère de l’Économie avait fait une importante déclaration. Au moins 80 % des revendications des compagnies d’aviation ont bénéficié d’une suite favorable à leur niveau, et il ne restait que les textes juridiques afin d’encadrer les engagements issus des discussions. On le sait, la plus forte inquiétude exprimée par les exploitants aériens est l’existence de multiples taxes et impôts qui pèsent lourdement sur la structure des prix. Par ailleurs, plusieurs enquêtes réalisées dans ce secteur ont révélé également d’autres facteurs, notamment la concurrence déloyale et le non-respect des normes internationaux en matière de sécurité (insuffisance des instruments d’aide à la navigation).

L’annonce d’un deal en perspective entre les deux partenaires ne suscite pas encore un engouement des voyageurs. Prudents, ils préfèrent s’en tenir aux faits après l’épisode des produits surgelés et les dénonciations de la même Fédération des entreprises du Congo. Sur le terrain, les démarches se poursuivent pour aboutir très rapidement à la baisse des prix des billets. Et l’urgence se fait ressentir sur cette question au regard des frais exorbitants à s’acquitter pour se déplacer à l’intérieur du pays. En effet, il n’y a pas que les taxes et autres qualités techniques du tarmac qui interviennent dans la détermination du prix final du billet. Un autre paramètre tout aussi crucial est évoqué : la distance. Pour se rendre à Lubumbashi ou à Goma, deux villes situées à plus de 2 000 km de Kinshasa, il faut payer plus de 1 000 dollars américains. Pour deux fois plus de km à franchir, le voyageur quittant Kigali pour Dubaï ne paie que 300 dollars américains. Entre Goma et Beni, deux villes RD-congolaises distantes d’à peine 334 km, ou Goma et Kisangani, 847 km, le voyageur débourse respectivement entre 270 et 310 dollars américains. L’autre paramètre important dans la fixation du prix est le niveau de fonctionnalité de l’aéroport. Au regard de sa capacité, il va de soi qu’un vol à destination de Goma transporte plus de passagers que celui de Bukavu, juste à côté. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa/Adiac-Congo

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