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Afrique: Les ambassades américaines se préparent à des coupes massives

 

La diplomatie états-unienne n’échappe pas au vaste plan d’économies décidé par l’administration de Donald Trump. La fermeture de certains postes sur le continent est évoquée.

 

Comme la plupart des fonctionnaires depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, les diplomates américains ont, eux aussi, reçu en février un mail du Department of Government Efficiency (Doge), l’agence d’État pilotée par le milliardaire Elon Musk pour réduire les dépenses gouvernementales. Comme les autres, ils se sont vus sommés de lister en cinq points leurs activités de la semaine précédente. Ils ont cependant été exemptés de répondre au message par Tibor Nagy, ex-ambassadeur en Éthiopie, désormais chargé de la gestion du Département d’État (AI du 21/01/25).

Cette exception n’a néanmoins pas empêché les ambassades américaines d’être passées au crible par le Doge, qui leur a demandé de remplir dans de brefs délais un tableau détaillant les différents financements accordés dans leur pays hôte. Après s’être acquittés de cette tâche, les postes diplomatiques ont rapidement reçu en réponse leur tableau amendé, avec de nombreuses suppressions de bourses et de subventions, sans justification.

Dialogue déséquilibré

Le dialogue avec l’administration centrale est d’autant plus déséquilibré que de nombreuses missions n’ont plus d’ambassadeurs. Lors des dernières semaines, elles étaient sous la direction d’un chargé d’affaires, notamment en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Kenya.

Ces premières coupes en préfigurent d’autres. Le Doge souhaite aussi réduire les coûts dus aux abonnements à des médias par les ambassades. Le média Politico est particulièrement dans le viseur. Ce dernier a révélé que plusieurs agences d’État allaient classer, par importance, de 1 à 10, les postes diplomatiques américains dans le monde, dans l’optique d’en fermer un certain nombre ou d’y effectuer de grosses coupes. En parallèle, Washington souhaite que les ambassades réduisent au minimum leur communication et leurs relations avec la presse des pays hôtes.

Si aucune décision n’a été arrêtée à ce stade, certains observateurs évoquent les ambassades au Lesotho, au Malawi, le consulat à Durban, en Afrique du Sud, ou encore certaines représentations dans les pays sahéliens, parmi les emprises susceptibles d’être fermées. Contacté par Africa Intelligence, le Département d’État affirme « constamment évaluer sa présence à l’étranger pour correspondre au mieux aux défis américains les plus pressants ».

Grande confusion

L’essentiel des arbitrages devrait revenir au National Security Council (NSC) de la Maison blanche. La division Afrique du NSC est pilotée depuis quelques semaines par un tandem de deux fonctionnaires au tropisme sécuritaire marqué : Brendan McNamara, ancien analyste du Pentagone passé par le commandement américain pour l’Afrique (Africom) ; et Dan Dunham, ex-chef de la cellule Afrique à l’état-major interarmées. Une fois les décisions prises, la mise en œuvre des fermetures devrait incomber, côté Département d’État, à Tibor Nagy.

La suspension dans la plus grande confusion de la plupart des programmes de l’agence d’aide USAid (AI du 06/03/25) a également d’importantes répercussions sur les milliers d’employés américains et locaux présents sur le continent, qui ne savent pas si leur poste sera conservé ou non. Dans plusieurs pays, des négociations sont en cours pour les maintenir en fonction jusqu’à la fin de l’année scolaire. Le 10 mars, le secrétaire d’État, Marco Rubio, a annoncé que 83 % des programmes de l’USAid avaient été supprimés.

L’activité diplomatique américaine sur le continent devrait se maintenir principalement sur le terrain sécuritaire, dans le golfe de Guinée et la corne de l’Afrique, face à la menace des groupes djihadistes qui y sont implantés. Donald Trump a déjà ordonné, le 1er février, une frappe sur des combattants de l’État islamique dans le Puntland, dans le nord-est de la Somalie.

Les ONG s’activent

Le monde de l’aide humanitaire dépendant de l’USAid doit aussi s’adapter. Plusieurs ONG se sont réunies en urgence pour lancer des fonds, parfois en commun, visant à compenser le retrait américain. C’est le cas du Foreign Aid Bridge Fund, soutenu par des dirigeants d’organisations comme l’Africa Diaspora Network, ou encore du Global Innovation Fund.

Très active en Afrique, l’ONG GiveDirectly comptait sept programmes, en RDC, au Malawi, au Mozambique et au Maroc, qui étaient financés par l’USAid, contributrice à hauteur de 14 % des fonds de l’ONG. GiveDirectly a dû renoncer à lancer un programme au Mozambique destiné aux jeunes susceptibles de tomber dans l’extrémisme violent. Les autres programmes de l’association financés initialement par l’USAid se poursuivent sur les réserves et autres financements de l’ONG, mais sont aussi menacés à long terme. Celle-ci a lancé en février une collecte de fonds visant explicitement à compenser l’aide américaine, dans l’optique de récolter 20 millions de dollars. Selon des sources au sein de GiveDirectly, ont déjà participé à la collecte près de 900 donateurs, dont les trois quarts sont américains.

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