L’étau se resserre autour du ministre Mutamba. Dans une série de révélations explosives, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, enfonce le clou. Ce lundi, Firmin Mvonde a officiellement sollicité une autorisation de poursuites contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba, pour des soupçons graves de détournement de fonds publics. Cette demande survient après l’obtention d’une première autorisation d’instruction, ayant permis au parquet d’auditionner à deux reprises le ministre, désormais au cœur d’un scandale d’État.
Une prison fantôme à 19 millions de dollars
L’affaire concerne l’octroi d’un juteux marché public à Zaion Construction, une société censée construire une prison à Kisangani. Mais selon les dernières découvertes du parquet, cette entreprise n’existe pratiquement que sur le papier. Les personnes présentées comme “associés” sont introuvables, et font désormais l’objet d’avis de recherche émis par les autorités judiciaires.
Dépêchés sur place, les enquêteurs n’ont trouvé aucun terrain préparé ni identifié pour le projet carcéral. Les services du cadastre de la province de la Tshopo confirment qu’aucune procédure foncière n’a été initiée, faisant planer de lourds doutes sur la réalité du projet.
Des contradictions embarrassantes
Interrogé par les enquêteurs, le ministre Mutamba a affirmé qu’un site avait été retenu, tout en reconnaissant ne l’avoir jamais visité et ne pas en connaître la localisation exacte. Une incohérence de taille, qui fragilise considérablement sa ligne de défense.
Des fonds bloqués in extremis
Mais le volet le plus explosif de l’affaire réside dans les flux financiers. Près de 19 millions de dollars avaient déjà été transférés sur le compte bancaire de Zaion Construction. Grâce à une intervention rapide du CENAREF (Centre national des renseignements financiers) et du parquet, le compte a été bloqué de justesse, empêchant une probable évasion de fonds publics.
Le parquet durcit le ton
Pour le procureur Mvonde, les éléments rassemblés jusqu’ici suffisent pour engager des poursuites formelles. Il évoque « un détournement organisé, planifié, avec usage d’une structure écran», et considère qu’il y a volonté manifeste de porter atteinte à l’intérêt général. D’où sa décision, ce lundi, de solliciter une autorisation de poursuite pénale contre le ministre de la Justice.
Ce développement est capital : une instruction avait déjà été autorisée, et le ministre auditionné deux fois. Mais avec cette nouvelle requête, le dossier entre dans une phase décisive, celle de la mise en accusation potentielle.
Vers un procès d’exemplarité ?
Si la justice suit son cours, le ministre Constant Mutamba pourrait être le premier membre du gouvernement actuel à répondre de ses actes devant un tribunal pour des faits de corruption présumée.
Alors que l’opinion publique s’empare de l’affaire, les appels à la transparence et à la responsabilité se multiplient. Sur les réseaux sociaux comme dans les milieux politiques, une question brûle toutes les lèvres : jusqu’où remontera la chaîne des responsabilités ? Car au-delà du ministre Mutamba, c’est tout le système de passation des marchés publics qui pourrait vaciller sous le poids de cette nouvelle bombe judiciaire.
Pour l’heure, la présidence reste silencieuse, mais les jours à venir pourraient précipiter une onde de choc bien plus large. Une chose est sûre : l’affaire Mutamba est loin d’avoir livré tous ses secrets.
NGK