Le Docteur Fabien Nzoko Fwankenda, Secrétaire Général National Adjoint chargé de l’Administration, Études et Documentation du Syndicat National des Médecins (SYNAMED ASBL), a tenu une conférence de presse ce mercredi 02 avril 2025, dans la salle Carrefour de Jeunes dans la commune de Kasa-Vubu pour dire toute la vérité sur sa suspension au sein du bureau national du SYNAMED sous le thème : « Le calvaire d’un syndicaliste : Bourdes administratives et judiciaires du 1er congrès extraordinaire du SYNAMED asbl ».
Au cours de cette activité, il a dénoncé un feuilleton judiciaire et syndical qui dure désormais vingts (20) mois et pose de sérieuses questions sur l’indépendance des syndicats médicaux en République démocratique du Congo. Accusé, suspendu, poursuivi en justice, mais blanchi par le parquet, il reste pourtant sous le coup de sanctions internes du SYNAMED. Un bras de fer qui illustre les tensions profondes au sein du syndicat historique des médecins congolais ayant 35 ans d’existence.
Un parcours syndical brutalement interrompu
Élu lors du troisième congrès ordinaire du SYNAMED en février 2022, le Dr Nzoko occupait un poste clé au sein de l’organisation : chargé de l’administration, des études et de la documentation, avec la lourde responsabilité d’être le point focal du SYNAMED auprès des partenaires financiers.
En juillet 2023, il a ordonné la mise sous surveillance d’un compte bancaire suite à des informations inquiétantes reçus. Chose qui est de coutume pour protéger un compte bancaire en danger selon le SYNAMED.
Mais en août 2023, son engagement tourne au cauchemar. Lors du conclave de la réunion du bureau national tenue le 21 août, il clame haut et fort son innocence face à des accusations internes des détournements de fonds qu’il juge infondées. Deux jours plus tard, une publication accablante le. Moins de 24 heures après cette publication, il est suspendu, sans possibilité d’être entendu équitablement. Son appel restera lettre morte.
Les tensions s’exacerbent ce 23 février 2023, vers 15h une publication devenue rapidement virale le présente comme un « syndicaliste mafieux attrapé la main dans le sac ». Il va s’ensuivre la publication de la décision n•007/BEN/2023 du 24 août 2023 portant suspension d’un SGNA/AED. Face à ce désordre, le Dr Nzoko saisit le ministère de l’Emploi et du travail espérant un arbitrage. Après des enquête suite à l’instruction du dossier, l’inspecteur général du Travail avait formulé des conclusions par sa lettre du n•22/MIN.ET/IGI-MBM/IT-LBS/C/058/2025 du 24 fevrier 2025, des recommandations ont été faites au SYNAMED en vue de sa réhabilitation à son poste de S.G.A et le paiement de ses émoluments. Hélas, le Bureau National de la corporation des Médecins est resté insensible.
Le S.G. à l’emploie et Travail constatant la mauvaise foi du SYNAMED avait exhorté le docteur Nzoko à saisir le tribunal compétent par sa lettre numéro 22/MET/SGET/DT/KWM/694/2024 du 04 septembre 2024.
L’affaire prend une tournure inattendue : le syndicat met en œuvre tous les moyens possibles pour obtenir son arrestation au parquet général de Matete.
Une bataille judiciaire à rebondissements
Pendant dix mois, la justice examine le dossier. Finalement, le 27 juin 2024, le parquet classe l’affaire sans suite. Un soulagement de courte durée : le SYNAMED réplique en suspendant le Dr Nzoko pour neuf mois, lui retirant son mandat et l’excluant définitivement. Une sanction que beaucoup jugent illégale, d’autant que la justice avait déjà tranché en sa faveur et selon la loi nul ne peut être sanctionné plusieurs fois pour un même fait.
Dans une ultime tentative, le SYNAMED engage une citation directe au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Kalamu, réclamant son arrestation immédiate et un million de dollars de dommages et intérêts. Or, selon l’ordonnance présidentielle n°22/079 signée par le Président Félix Tshisekedi, un médecin résident bénéficiant du grade de directeur de la fonction publique ne peut être jugé par le TGI. En insistant, le SYNAMED remet tacitement en cause les engagements du gouvernement vis-à-vis de la protection des médecins.
« La guerre de Troie n’aura pas lieu ! », aurait déclaré le Dr Nzoko, citant Jean Giraudoux. Une métaphore qui s’avérera juste : le TGI Kalamu s’est déclaré incompétent, rendant caduque la procédure initiée contre lui.
Un combat qui dépasse le SYNAMED
Désormais blanchi au niveau pénal, le Dr Nzoko regarde vers l’avenir et exige d’être rétabli dans ses fonctions au sein du Bureau National comme Secrétaire Général National Adjoint chargé de l’Administration, Études et Documentation du Syndicat National des Médecins (SYNAMED ASBL). Dans un contexte de guerre où le pays fait face à d’énormes défis sécuritaires, il réaffirme son soutien aux FARDC et au gouvernement, tout en pointant du doigt le manque d’engagement réel en faveur des professionnels de santé. « Sans médecins, infirmiers et sages-femmes, la vie devient intenable. » Son combat dépasse son cas personnel : il plaide pour une véritable reconnaissance du rôle essentiel du personnel médical et un respect strict des engagements pris par l’État.
Alors que la crise du SYNAMED révèle des fractures internes, une question demeure : les syndicats médicaux en RDC défendent-ils réellement les droits des médecins ou sont-ils devenus des instruments de règlements de comptes politiques ?
Glad NGANGA