Affaire des forages en RDC : 20 et 5 ans de travaux forcés requis par le Ministère Public contre Kasenga et Rubota

Le procès pour détournement des fonds publics liés à la construction de forages en République démocratique du Congo (RDC) a pris un tournant décisif ce lundi 23 décembre. Lors des plaidoiries, le Ministère public a requis des peines exemplaires de 20 ans et 5 ans de travaux forcés respectivement contre Mike Kasenga, représentant du consortium CVR Construct Cameroun Sarl et Sotrad Water, et François Rubota, ancien ministre du Développement rural.

Cette affaire, qui illustre les défis colossaux de la lutte contre la corruption dans le pays, porte sur un préjudice financier estimé à près de 47 millions de dollars américains, détournés des fonds publics destinés à l’installation de 241 forages et stations mobiles de traitement d’eau.

Un contrat en eaux troubles

Tout commence le 21 avril 2021, lorsque Mike Kasenga signe un contrat avec le Ministère du Développement rural pour un projet d’envergure : fournir à la RDC des infrastructures d’eau potable pour un montant colossal de 71 816 829 USD, financé par le Ministère des finances. Mais selon le Ministère public, seuls 24 853 669 USD ont été effectivement utilisés pour le projet, tandis que 46 963 160 USD auraient été détournés et déposés sur les comptes bancaires de Mike Kasenga.

En dépit de l’absence de livraison des 241 forages prévus, François Rubota, alors ministre du Développement rural, aurait exigé le paiement intégral au consortium, facilitant ainsi le détournement.

Des peines lourdes requises

Mike Kasenga risque une peine de 20 ans de travaux forcés, assortie de lourdes sanctions post-pénales : interdiction de vote et d’accès aux fonctions publiques et para-étatiques pendant 10 ans après sa peine, ainsi que la privation de ses droits à la libération conditionnelle et à la réhabilitation.

François Rubota, accusé de complicité, pourrait écoper de 5 ans de travaux forcés avec des sanctions similaires, dont une interdiction de voter et d’exercer des fonctions publiques pendant 5 ans après sa peine.

Un contrat bafoué, un État lésé

Les termes du contrat stipulaient que les forages devaient être préfinancés par le consortium avant tout paiement de l’État. Pourtant, aucun des équipements promis n’a été livré, causant un préjudice financier majeur à l’État congolais.

Un tournant dans la lutte contre l’impunité ?

Cette affaire illustre une fois de plus les ravages de la corruption au sein des institutions publiques en RDC. Les montants astronomiques détournés mettent en évidence le besoin urgent de renforcer la gouvernance et les mécanismes de contrôle financier.

Le verdict attendu dans cette affaire pourrait marquer un tournant décisif. S’il est suivi des peines requises, ce procès pourrait envoyer un signal fort en faveur de la reddition des comptes et de la transparence en RDC, un pays où les scandales financiers continuent de miner la confiance publique.

La fin de l’impunité ?

Pour beaucoup d’observateurs, ces réquisitoires représentent un test pour le système judiciaire congolais. L’issue de ce procès pourrait redéfinir la lutte contre la corruption dans le pays et poser les bases d’une meilleure gestion des deniers publics. Mais au-delà des condamnations, c’est la question de la récupération des fonds détournés et leur réinvestissement dans les projets prioritaires qui reste en suspens.

Dans l’attente du verdict, une chose est certaine : le peuple congolais suit cette affaire avec attention, espérant que justice sera rendue et que ce procès marquera une rupture avec une impunité longtemps tolérée.

Glad NGANGA

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