Alors que la République Démocratique du Congo et le Rwanda ont récemment signé un accord de principe sous la médiation des États-Unis, la classe politique congolaise s’interroge sur la portée réelle de cet engagement. Steve Mbikayi, député national et homme politique congolais, livre une réflexion lucide et percutante sur ce tournant diplomatique à haute sensibilité.
Un accord aux allures d’ouverture… mais sous haute vigilance
Pour Steve Mbikayi, cet accord pourrait représenter une « parenthèse stratégique » dans l’histoire tumultueuse des deux pays, à condition que la RDC en fasse un levier pour reconstruire sa puissance et affirmer sa souveraineté. Mais il alerte : la clause portant sur la coopération dans le secteur minier, si elle semble viser la transparence des chaînes de valeur, reste une lame à double tranchant. Associer Kigali à ce processus, alors que le Rwanda est reconnu comme receleur des ressources congolaises, comporte un risque majeur : légaliser ce qui a toujours été illégal.
Une occasion de redéploiement national
Malgré cette menace latente, l’homme politique voit aussi des bénéfices potentiels : diplomatiquement, la RDC renforce son image d’État responsable ; économiquement, l’implication des États-Unis pourrait garantir une certaine équité ; militairement, la trêve offre un précieux répit pour réorganiser les FARDC et assainir les rangs. Steve Mbikayi rappelle que les défaites passées de l’armée congolaise, notamment à Goma et Bukavu, ont été causées par des trahisons internes plus que par la supériorité rwandaise. Là où les patriotes ont résisté, l’ennemi a été stoppé net.
La duplicité rwandaise toujours à l’œuvre ?
L’ancien ministre du Plan ne cache pas sa méfiance face à la mauvaise foi du régime de Kigali. Il évoque l’historique des cessez-le-feu, souvent utilisés par le Rwanda pour mieux se repositionner militairement. Il en appelle donc à une extrême prudence, avec des mécanismes de vérification, des garanties claires et une préparation militaire constante.
Un appel à la responsabilité politique
Enfin, Steve Mbikayi adresse un message direct aux opposants politiques favorables à la rébellion : la critique constructive est de mise, mais l’activisme contre le processus de paix trahit moins une vision patriotique qu’un désarroi face à l’échec annoncé du M23. Il conclut : « La paix ne naît pas d’un texte, mais de la capacité d’un État à faire respecter ce texte. »
Soutenir cet accord, oui, mais les yeux ouverts. Car si l’ennemi n’a jamais déposé les armes, nous non plus.
La Rédaction