Dans un geste salué par la communauté internationale, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont franchi, ce mardi 17 juin à Washington, une étape majeure vers la pacification de la région des Grands Lacs. Après des mois de négociations discrètes, les deux parties ont paraphé un accord de paix ambitieux, sous l’égide du Département d’État américain, avec le soutien actif de l’Union africaine, de la CIRGL, de l’Angola et du Kenya.
Une promesse de rupture avec les tensions récurrentes
Ce document, dont la signature officielle est prévue le vendredi 27 juin 2025 lors d’une réunion ministérielle, engage Kinshasa et Kigali à respecter l’intégrité territoriale de chaque État, cesser tout acte hostile et œuvrer à la stabilisation de leurs zones frontalières. Un désengagement militaire progressif est notamment envisagé, couplé au désarmement des groupes armés non étatiques, en particulier dans l’Est congolais.
Fait notable, l’accord prévoit également l’intégration conditionnelle de certains éléments rebelles dans des processus politiques ou de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), en fonction de critères stricts définis conjointement.
Une coordination sécuritaire inédite
Les équipes techniques de Kinshasa et de Kigali ont également approuvé la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire, articulé autour du CONOPS du 31 octobre 2024, un concept d’opérations adopté par les deux armées lors de pourparlers régionaux. Une mission conjointe d’observation, placée sous supervision internationale, viendra veiller à la bonne application des engagements.
L’accord entend aussi faciliter le retour des réfugiés et personnes déplacées internes, garantir un accès humanitaire sans entrave, et ouvrir la voie à un cadre d’intégration économique régionale, dans une perspective de paix durable et de prospérité partagée.
Un tournant pour l’Est de la RDC
Depuis plusieurs années, Kinshasa accuse Kigali de multiplier les crimes dans l’Est de la RDC, notamment par le soutien militaire, logistique et politique apporté au groupe armé M23. Des accusations corroborées par plusieurs rapports des Nations Unies ainsi que des enquêtes menées par des médias internationaux indépendants, pointant du doigt l’implication directe du Rwanda dans l’aggravation de l’instabilité au Nord-Kivu.
De son côté, Kigali rejette ces accusations, affirmant que sa posture sécuritaire vise uniquement à neutraliser les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe hostile au régime rwandais et actif selon lui dans l’Est de la RDC.
Cet accord signé à Washington ambitionne ainsi de mettre un terme à ce cycle de violences et de méfiance, en posant les bases d’une nouvelle architecture de sécurité régionale fondée sur la transparence, la coopération et la responsabilité partagée.
Reste à convaincre le sceptique
D’aucuns pensent qu’il ne s’agit pas d’un simple document politique, mais d’une feuille de route vérifiable pour la paix. Pourtant, sur le terrain, les attentes restent prudentes. Trop de précédents ont avorté, faute d’engagement sincère ou de suivi rigoureux. Il reste donc à convaincre les sceptiques.
La mise en œuvre sera donc décisive. Le comité mixte RDC-Rwanda prévu dans l’accord aura la lourde tâche de traduire ces engagements en actions concrètes, tout en maintenant la pression politique sur les fauteurs de guerre.
Une opportunité historique
Dans une région où la paix semble toujours précaire, cet accord pourrait marquer une avancée décisive, s’il est respecté. À l’heure où l’Afrique centrale cherche à se reconstruire, la volonté affichée à Washington donne une lueur d’espoir, à condition que les engagements soient tenus au-delà des signatures.
Glad NGANGA
