Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo devient de plus en plus méconnaissable avec ses routes délabrées, ses caniveaux bondés des bouteilles en plastique, ses constructions anarchiques, ses montagnes d’immondices que l’on retrouve dans tous les coins, ses conducteurs de véhicules comme ses motocyclistes appelés « wewa » que l’on peut croiser dans des embouteillages monstres comme des fourmis qui sortent de partout.
Dans cette ville, jadis, réputée la capitale la plus belle d’Afrique dans les années 50, l’on peut, facilement, s’apercevoir d’un manque d’anticipation de la part des autorités sur le plan de l’urbanisation. Créée pour 292.000 habitants en 1955, Léopold ville comptait déjà 443.000 habitants en 1960 et aujourd’hui la capitale la plus salle du monde compte 109 717 326 habitants.
Toutes ces âmes dont le nombre ne cesse d’augmenter à cause de l’exode rural ne savent même pas où mettre leur tête et où poser leurs pieds faute d’infrastructures adéquates.
C’est pourquoi, à chaque fois qu’une pluie s’annonce dans la capitale de Tshisekedi fils, l’on peut apercevoir l’inquiétude exprimée par plus d’un de leurs : » pourvu qu’il pleuve la journée« , commente un habitant de Kinshasa, pour ne pas dire un kinois. Tout le monde craint le pire parce que les dégâts sont énormes occasionnant, parfois, morts d’hommes.
Malheureusement, même la journée, les dégâts occasionnés par ces pluies sont très perceptibles. Kinshasa compte aussi ses « sans abris »: hommes; femmes et enfants confondus aux enfants de la rue appelés « shegués ».
Une ville à l’abandon
Bien que les pluies aient causé plusieurs dégâts, l’on observe souvent une passivité des autorités quand tout revient à la normale. Même quand le boulevard Triomphal qui mène au Parlement; est à chaque pluie, inondée, les autorités congolaises n’ont jamais attiré leur attention pour une solution durable.
Plusieurs quartiers de Kinshasa se retrouvent, souvent, engloutis par les eaux à chaque pluie dont la dernière qui a empêché des familles entières d’avoir une nuit paisible. Des vidéos balancées dans les réseaux sociaux ont montré des jeunes filles en mode selfies et à moitié nues se frelatant dans l’eau de la pluie dans un quartier pauvre de Kinshasa. Un enfant de 5 ans avait perdu la vie.
Du côté des décideurs, silence radio : » c’est le changement climatique« , apprend -t-on de ces derniers.
Entre temps, dans d’autres cieux, l’on peut voir comment les autorités se démènent pour soulager, tant soit peu, les souffrances des victimes, comme c’est le cas en Espagne. Mais, au pays de Lumumba c’est du » kipe yayo », pour dire » chacun pour soi, Dieu pour tous « .
L’on a vu le nouveau gouverneur de cette ville, initier une campagne d’assainissement mais qui se solde comme son prédécesseur par des petits coups de balai dans certains boulevards de la capitale.
Que faire?
Devant cet impasse, la Corporation des Urbanistes Congolais est monté au créneau lors de la dernière pluie diluvienne pour donner une piste de solution dont voici la quintessence:
Message du Président National de la Corporation des Urbanistes Congolais
Les récentes inondations qui ont frappé la ville de Kinshasa ont mis en évidence les fragilités de notre urbanisation et les conséquences dramatiques de l’absence de planification urbaine intégrée.
La Corporation des Urbanistes Congolais, profondément concernée par cette situation, tient à exprimer sa solidarité avec les populations sinistrées et à lancer un appel urgent en faveur d’une refonte profonde de nos politiques urbaines.
La Corporation des Urbanistes Congolais appelle l’ensemble des acteurs concernés (pouvoirs publics, société civile, secteur privé) à s’engager résolument dans une démarche de co-construction d’une ville plus résiliente et plus inclusive.
Les inondations qui ont frappé Kinshasa sont un signal d’alarme. Il est urgent de prendre des mesures fortes et durables pour adapter notre ville aux défis du changement climatique et garantir la sécurité et le bien-être de ses habitants.
Sé. Urbaniste KYANA BASILA Joel Président de la Corporation des Urbanistes Congolais.
Tout compte fait, il est impérieux de prendre des mesures plus concrètes pour sauver cette capitale ainsi que les personnes et leurs biens. Léopold ville, Kinshasa Kin Malebo ne mérite pas ce traitement aussi dégradant et dénigrant avec tout l’argent qu’il génère.
« Comme une mère, une ville natale ne se remplace pas »(Katherine Cecil Thurston / The Gamble).
Don Petit N’Kiar
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