Les médias congolais reviennent largement ce mercredi sur la rencontre entre le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, tenue sous la médiation de l’émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al Thani. Le Potentiel rapporte que cette réunion, organisée mardi 18 mars à Doha, s’inscrivait dans un cadre international visant à désamorcer les tensions persistantes dans l’est de la RDC.
L’Agence congolaise de presse (ACP) qualifie le climat des discussions de « glaciales » au départ, avant de devenir « cordiales » au fil des échanges. L’agence ajoute que Félix Tshisekedi s’est déplacé seul au Qatar, sans délégation officielle. Selon Africa News, cette médiation qatarie visait à accélérer le règlement du conflit opposant Kinshasa aux rebelles du M23, alors que la réunion prévue le même jour à Luanda entre le gouvernement congolais et ce groupe armé a été reportée pour des « circonstances de force majeure », selon un communiqué du ministère angolais des Affaires étrangères.
Les trois chefs d’État impliqués dans cette médiation (Tshisekedi, Kagame et l’émir du Qatar) ont réaffirmé leur engagement pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, résume Congo Nouveau. Ce journal précise que les discussions de Doha devraient se poursuivre pour jeter les bases d’un accord de paix durable. Le Quotidien, pour sa part, souligne que les présidents congolais et rwandais ont salué les progrès des processus de Luanda et de Nairobi, notamment après le sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) tenu en Tanzanie le 8 février dernier.
Toutefois, certains analystes demeurent sceptiques quant aux résultats de cette médiation. Ouragan s’interroge : « La médiation qatarie suffira-t-elle à éteindre l’incendie qui embrase l’est de la RDC et menace l’équilibre de la région des Grands Lacs ? » Tandis que certains observateurs y voient une avancée, d’autres estiment qu’il s’agit d’un nouvel épisode d’un bras de fer diplomatique sans fin. De son côté, Info 27 note que le choix de Doha, dans la plus grande discrétion et hors du protocole habituel, démontre une stratégie bien réfléchie de Félix Tshisekedi, qui a préféré traiter directement avec le Rwanda plutôt que d’attendre les négociations incertaines avec le M23 à Luanda.
Joseph Kabila sort du silence et défie ses détracteurs
Pendant que Kinshasa négocie, un autre acteur politique fait parler de lui. Congo Nouveau rapporte que l’ancien président de la RDC, Joseph Kabila, a brisé le silence depuis Johannesburg, en Afrique du Sud, ce mardi 18 mars. Il a rejeté catégoriquement les accusations l’impliquant dans la crise sécuritaire à l’Est du pays et a plaidé pour une solution « endogène », portée par les Congolais eux-mêmes.
Dans une interview en anglais relayée par Le Potentiel, Kabila s’est insurgé contre ceux qui l’accusent de soutenir l’Alliance des Forces du Changement (AFC), les mettant au défi d’apporter des preuves tangibles. Info 27 analyse cette sortie médiatique comme une tentative de réhabilitation politique, mais estime que l’ancien chef d’État s’est livré à un exercice délicat, oscillant entre justification et langage diplomatique.
De son côté, Le Quotidien met en lumière une phrase marquante de l’ex-président : « La RDC ne doit pas être un pays pleurnichard ». Un message qui rappelle sa tribune publiée en février dernier dans un journal sud-africain, où il s’était posé en « observateur critique » du régime Tshisekedi, dénonçant la mauvaise gouvernance et la violation du pacte républicain de 2006, qui avait mis fin à la guerre de 1998-2000. Africa News rappelle aussi que Kabila avait récemment utilisé la presse namibienne pour proposer sa propre vision du retour à la paix en RDC.
Entre diplomatie active et positionnements politiques, la journée du 18 mars aura été marquée par des événements clés qui pourraient redéfinir le rapport de forces en RDC. Reste à savoir si ces gestes poseront les bases d’une paix durable ou s’ils ne seront que des actes isolés dans une crise qui perdure.
Glad NGANGA