Le train de vie des institutions de la République reste budgétivore en RDC. La présidence de la République, la Primature et les deux Chambres du Parlement ont besoin au total de 697,8 millions USD comme budget pour cet exercice 2025. Les crédits budgétaires de ces institutions de la République sont en accroissement par rapport aux prévisions de la Loi rectificative 2024. Le régime FATSHI a-t-il renvoyé aux calendes grecques le projet de réduction du train de vie des institutions de la République ? En tout cas, les faits sont têtus : le budget de ces institutions politiques ne fait que croitre dans un pays confronté aux besoins de financement d’infrastructures de base (écoles, routes, hôpitaux). En 2020, soit il y a cinq ans à peine, le budget global exécuté de ce quartuore (présidence de la République, Primature, Sénat et Assemblée nationale) était de l’ordre de 362,5 millions USD.
Le président de la République, Félix Tshisekedi, s’est engagé, lors de son discours d’investiture du 20 janvier 2024, à ne plus commettre les erreurs du passé. Dans la gestion des finances publiques en République démocratique du Congo, une des erreurs du passé a toujours été cette propension des dirigeants au pouvoir de s’adjuger des crédits budgétaires excessifs pour leurs dépenses courantes (fonctionnement de l’institution et rémunérations des membres de cabinet) dans un pays où les défis sont énormes en termes d’infrastructures de base.
À l’analyse du Budget de l’exercice 2025 récemment promulgué par le chef de l’État, il s’observe que les crédits budgétaires des institutions politiques sont en hausse, en l’occurrence la présidence de la République, la Primature, l’Assemblée nationale et le Sénat, comparativement à la Loi de finances rectificative de 2024.
Les chiffres montrent que la présidence de la République a vu ses crédits budgétaires augmentés passant de 850 343 580 909 de CDF dans la Loi de Finances rectificative de 2024 à 879 759 198 869 de CDF dans le budget 2025 (297,8 millions USD au taux budgétaire moyen du Budget 2025 fixé à 2954 FC le dollar américain).
« Cet accroissement des dépenses s’observe aussi bien dans la rubrique fonctionnement que celle des rémunérations. Pour l’accroissement des dépenses de fonctionnement (passer de 409 722 655 184 de CDF en 2024 à 420 694 920 702 de CDF en 2025) à la présidence de la République, le gouvernement les justifie par : Fonctionnement courant ; Renforcement de la sécurité du Palais de la Nation ; Amélioration de la communication des actions du Chef de l’État ; Renforcement de la diplomatie agissante menée par le Chef de l’État ».
Le gouvernement justifie aussi l’augmentation des crédits des rémunérations (passer de 339 889 904 649 de CDF dans la Loi de Finances rectificative 2024 à 367 908 222 112 de CDF en 2025) par : Impact de la consommation réelle projetée à fin décembre 2024 ; Correction des équivalences de grades ; Poursuite de l’application des barèmes salariaux des structures rattachées à la Présidence (J.O, Réserve stratégique, CNS, Conseil National de Cyber défense, PNMLS).
« À la Primature, il y a eu aussi accroissement des crédits budgétaires dans les deux rubriques, à savoir le fonctionnement de l’institution et les rémunérations. Globalement, le budget de la Primature est passé de 169,806 milliards de CDF dans le budget rectificatif 2024 à 198,713 milliards de CDF en 2025. Le budget de fonctionnement du cabinet de la Première ministre est passé de 38 743 419 155 de CDF dans la Loi de Finances rectificative de 2024 à une bagatelle de 52 000 000 000 de CDF en 2025. Les raisons avancées : Fonctionnement courant en faveur de la Primature et des structures y rattacher (CNP, APCSC, CND-SI, …) ».
Pour ce qui est de l’accroissement des crédits budgétaires des rémunérations qui sont passés de 102 238 956 830 de CDF dans la Loi de Finances rectificative de 2024 à 118 439 667 496 de CDF dans le budget 2025, les justifications avancées sont : Impact de la consommation réelle projetée à fin décembre 2024 ; Poursuite de l’application des grilles barémiques des services connexes (Portail électronique du Gouvernement, CNP).
Une autorité budgétaire budgétivore
De même, à l’Assemblée nationale qui avait des crédits budgétaires annuels fixés à 640 104 504 639 de CDF, ceux-ci sont passés à 712 158 177 437 de CDF. Les raisons invoquées pour l’accroissement du budget de fonctionnement (passer de 421 321 832 395de CDF dans le budget rectificatif 2024 à 468 931 199 456 de CDF en 2025) de cette institution sont : Fonctionnement courant ; Prise en compte de cinq nouveaux chapitres issus de la scission du bureau d’études.
Quant à l’accroissement du budget des rémunérations à l’Assemblée nationale, les justifications avancées concernent : Impact de la consommation réelle projetée à fin décembre 2024 ; Application des dispositions du Règlement d’Ordre Intérieur par la prise en compte du traitement du Secrétaire Général et du Conseiller coordonnateur au même titre que le Directeur du cabinet du Président (Article 281 du R.O.I) ; Relèvement des rémunérations des membres des cabinets par souci d’équité (Article 281 à 284) ; Prise en compte progressive des effectifs du nouveau cadre organique de l’Administration.
Au Sénat, le budget annuel de l’institution est passé de 255 923 843 238 de CDF dans la Loi de Finances rectificative 2024 à une somme de 271 305 791 133 de CDF dans le budget 2025. Ici aussi, l’on justifie cet accroissement dans le fonctionnement de l’institution par le Fonctionnement courant et la prise en charge médicale des sénateurs. En ce qui concerne l’enveloppe des rémunérations qui est passée de 68 781 969 662 de CDF à 70 322 281 104 de CDF par : Impact de la consommation réelle projetée à fin décembre 2024 ; Poursuite de l’application de la grille barémique de l’Administration.
Le budget de ces institutions politiques a presque doublé en 5 ans
Rappelons qu’il y a à peine cinq ans en 2020, soit le tout premier budget élaboré par un gouvernement mis en place par le président de la République Félix Tshisekedi qui était investi en 2019, les budgets de ces institutions de la République étaient nettement moins élevés : le budget consommé en 2020 par la présidence de la République était de 164,8 millions USD, celui de la Primature était de 38,5 millions USD, celui du Sénat était de 48 millions USD et l’Assemblée nationale avait exécuté cette année-là un budget de 114,1 millions USD.
Au total, ces quatre institutions avaient consommé 362,7 millions USD en 2020 contre 697,8 prévus dans le budget 2025.
En cinq ans, le budget de la plus haute institution de la République, la présidence, est passé de 164,8 millions USD à 297,8 USD ; celui de la Primature est passé de 38,5 millions USD à 67,2 millions USD en 2025 ; celui de l’Assemblée nationale de 114,1 millions USD à 241 millions USD ; et celui du Sénat de 48 millions USD à 91,8 millions USD.