Le 27 février 1998, au stade du 4 Août de Ouagadougou, une page d’histoire était écrite par les Léopards de la République Démocratique du Congo alors appelé « Simba ». Ce soir-là, ils accomplirent une remontée spectaculaire contre le Burkina Faso, pays hôte, lors de la petite finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Pourtant, 26 ans après, ces légendes attendent toujours la reconnaissance qu’elles méritent.
Une remontada légendaire gravée dans l’histoire
Ce soir-là, face à un Burkina Faso euphorique, les Léopards de la République Démocratique du Congo, alors appelés les Simba, ont réalisé l’un des plus grands retournements de situation de l’histoire du football africain. Menés 4-1 à quatre minutes de la fin du temps réglementaire, les Léopards ont renversé le match dans un scénario qui reste unique dans l’histoire du football africain. Parmi les héros de cette épopée, Mungongo Fish s’est distingué par une performance remarquable. Initialement sur le banc au coup d’envoi, il est entré en jeu en cours de match pour signer un doublé décisif. Son premier but, marqué à la 86e minute, a initié une remontée qui semblait jusque-là improbable. Quatre minutes plus tard, il a inscrit le but égalisateur, offrant ainsi aux Léopards l’opportunité de jouer leur chance aux tirs au but.
Les Simbas éclaboussent la bande à Abedi pelé
Si la RDC a pu vivre ce moment inoubliable en petite finale, c’est aussi grâce à Bijou Kisombe, véritable architecte de la qualification pour les quarts de finale. Lors du dernier match de la phase de groupes, face au Ghana d’Abedi Pelé, Kisombe a marqué l’un des buts les plus importants de l’histoire des simbas. Son tir imparable, qui a scellé une victoire 1-0, a éliminé les Black Stars et offert à la RDC une place parmi les huit meilleures équipes du continent.
Des promesses oubliées, des héros abandonnés
Mais si cet exploit est resté dans les mémoires des amateurs de football, les légendes qui l’ont accompli se battent encore pour une reconnaissance méritée. Les primes promises par le gouvernement à ces joueurs héroïques n’ont jamais été versées. Les noms d’Emeka Mamale, Bijoux Kisombe, Lokenge Mungongo, et autres brillent encore dans l’histoire du football congolais, mais leur gloire contraste amèrement avec les conditions difficiles dans lesquelles beaucoup d’entre eux ont fini ou mènent leur vie aujourd’hui. 26 ans après, ces légendes restent dans l’ombre, oubliées par ceux qui devaient leur rendre hommage. Les engagements pris envers ces hommes sont restés lettre morte.
La disparition d’Emeka Mamale en 2020 a laissé une douleur vive dans les cœurs. Cet attaquant légendaire, qui portait l’équipe sur ses épaules, est parti sans voir la promesse d’une reconnaissance officielle se concrétiser. Plus récemment, Jean Mukul dit “Korando”, autre acteur clé de cette campagne héroïque, a quitté ce monde dans des conditions déplorables. leurs familles continuent de réclamer l’honneur et les droits qui leur reviennent. Ils attendent toujours que le gouvernement honore ces légendes comme elles le méritent.
Aujourd’hui, Mungongo Fish, Bijou Kisombe, Paulin Tokala, ou encore Makenga pour ne citer que ceux-là, , ont écrit l’histoire du football congolais, mais leur héritage reste méconnu des jeunes générations. Ce silence de l’État contraste avec l’exploit qu’ils ont accompli pour la patrie.
Un appel à la justice et à la mémoire
Les voix s’élèvent de plus en plus pour que justice soit rendue à ces héros de 1998. Lord Ndiwa Kangana, ancien Léopard et manager sportif, mène ce combat pour que ces légendes soient honorées de leur vivant. « Combien de nos héros devons-nous perdre avant de leur rendre hommage ? », interroge-t-il avec émotion. Pour lui, seul le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, premier sportif congolais et fervent supporter des Léopards, peut inscrire cet hommage dans l’histoire.
Le temps presse. Des figures emblématiques comme Mayala, Papy Kimoto, Jerry Tondelua, ou encore Roger Hitoto méritent que leurs exploits soient reconnus, non seulement par des mots, mais aussi par des actes concrets. Les promesses faites il y a 26 ans doivent devenir réalité. Ces hommes ont porté haut les couleurs du Congo ; il est temps que la nation leur rende la pareille.
Un avenir plein d’espoir ?
Avec le soutien du ministre des Sports actuel et la volonté affichée par certains responsables, l’espoir d’une reconnaissance officielle semble renaître. Cette année pourrait être celle où l’histoire des Léopards de 1998 ne sera plus seulement celle d’un exploit oublié, mais aussi celle d’un hommage national à des héros qui, 26 ans après leur exploit, continuent de briller dans le cœur des Congolais.
L’heure est venue pour le Congo de prouver qu’il sait honorer ses champions, non pas dans le silence de l’oubli, mais dans la lumière éclatante de la gratitude.
Glad NGANGA
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