17 mai 1997 : les témoins n’oublient toujours pas ce qui s’était passé ce jour-là

vingt-cinq ans sont passés depuis que l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) prenait le pouvoir à Kinshasa. Laurent-Désiré Kabila qui en était le porte-parole prenait les rênes du pouvoir depuis Lubumbashi, ville qui était tombée entre les mains de la rébellion plusieurs mois plus tôt. Le 17 mai 1997, les soldats de l’AFDL entraient triomphalement dans la capitale du Zaïre qui sera rapidement rebaptisée République Démocratique du Congo. A l’occasion de la célébration de cette journée, Sud-express international a rencontré plusieurs témoins de cet événement qui nous racontent ce qu’ils avaient vécu le jour-là. Historiens, politiciens, journalistes, citoyens lambdas, tous, racontent cet événement comme si c’était hier.

« Je me rends à l’hôtel du Conseil, il n’y a ni premier ministre ni général. J’apprends que tous se sont rendus à l’aéroport pour dire au revoir au maréchal. Moi et les personnes qui étaient présentes, nous avons attendu jusqu’à 12 heures quand les ministres sont revenus. Le Premier ministre va alors m’appeler dans son bureau. Devant le chef de l’armée et celui des services de renseignements. Il va me demander de faire le compte rendu d’un conseil des ministres qui n’a pas eu lieu et sans qu’il ne me fournisse la moindre donnée.  » Tu as le cerveau. Tu es intelligent « , me dira-t-il », a-t-il témoigné avant d’ajouter : « J’ai dit, dans le texte, que le gouvernement avait décidé de passer le pouvoir à Monseigneur Laurent Monsengwo, qui était le président du Haut Conseil de la République, Parlement de transition « .

En apprenant la nouvelle de la fuite du président Mobutu, Isidore Ndaywel n’était pas étonné.

 » Il lui était arrivé ce qui devait lui arriver, exactement comme ce qui se passe ailleurs en pareille circonstance, comme avec Sékou Touré, par exemple. Il aurait pu le faire plus tôt. Il avait pris l’option de mourir à Kinshasa. C’est en dernière minute qu’il a pris cette décision sous pression de sa famille pour aller à Gbadolite. Là non plus, ce ne sera pas possible. Ses propres troupes ont voulu s’en prendre à lui. Il va devoir finalement quitter la ville et se rendre au Togo, puis au Maroc », a relaté l’historien Isidore Ndaywel è Nziem.

Tryphon Kin-Kiey Mulumba, l’un des membres du dernier gouvernement du Maréchal Mobutu, avait tenté de rester dans la ville. Le lendemain, ses collaborateurs l’en dissuadent. Il embarque alors dans une voiture d’un des journalistes de son journal et tente de quitter Kinshasa par la route, sans succès.

 » Dans la salle du conseil, tout le monde était debout. Quelques minutes plus tard, les services se sont mis en branle pour organiser les départs des ministres pour Brazzaville. A l’époque, je ne comprenais rien de ce qui se passait. Des chars de nos militaires revenaient de Bandundu. On ne pouvait plus continuer. C’est par le fleuve Congo qu’il atteindra Brazzaville.

Cette nuit de vendredi sera longue. Le lendemain, la ville se réveille avec la nouvelle de l’assassinat du chef de l’armée, le général Donatien Mahele Lieko Bokungu au camp militaire Tshatshi. Dès l’aube, les « Kadogos » et les militaires rwandais et ougandais entrent dans Kinshasa sous l’applaudissement des Kinois. Le journaliste Rombaut Kasongo raconte ce qu’il avait vécu ce jour-là.

 » Comme je ne suis pas loin du Boulevard Lumumba au niveau du quartier Sans Fil, je suis allé sur le boulevard et nous avons vu les premiers éléments en colonnes. Certains avaient des armes sur les épaules, d’autres avaient des caisses des munitions sur la tête et des sacs. Les gens criaient, chantaient en leur honneur, donnaient de l’argent aux rebelles, des pains, d’autres personnes les aspergeaient de l’eau ou de la poudre pour dire qu’ils les accueillaient à bras ouverts et qu’ils étaient contents qu’ils aient pris la ville de Kinshasa. Nous sommes descendus par curiosité pour voir ces gens qui ont renversé Mobutu en un temps si court. A l’époque, on se demandait comment on pouvait se débarrasser de Mobutu et son système dictatorial, qui nous a dirigés pendant 32 ans « , se rappelle-t-il.

Le 17 mai est un jour férié en République Démocratique du Congo. Longtemps célébrée comme journée de l’entrée de l’AFDL, cette date est désormais dédiée aux Forces Armées.

RK

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